De Vanessa Novo.
Pour certains j’imagine que la bestiole ressemble à un oxymore, non ?
Par où vais-je commencer ? Quelle est la valeur ajoutée de mon expérience? Et qu’est-ce que ça évoque en soi, de vivre seul? Je dis seul sans ‘e’ afin de nous épargner la féminité de cette pesanteur, la solitude n’a pas de sexe.
Quelques interrogations nées dans mon esprit, plantée là, devant ma page blanche.
Le but premier de l’être humain est la recherche du bonheur, mais pas depuis si longtemps. Même aux plus hauts niveaux himalayens et survivalistes, le bien être, du moins son possible envisageable, a toujours inclus la réalité du groupe comme unique possibilité.
Mon esprit étaye ce ‘possible’ dans la différence et plonge rapidement dans de nombreux repères personnels. Tous avaient le point commun d’avoir été vécus « seul », enfant et jeune adulte, mais je repère une série toute particulière, croustillante de surprises, à l’aube de mes 30 ans. Je décide donc de mettre à contribution ce chouette paysage.
« Je m’étais levée à 4h du matin, l’air frais tourbillonnait déjà le long de mes narines et une douce brise claquait mes joues; presque définitivement engourdie de n’avoir assez fermé l’œil — les habitués de la montagne sauront reconnaître l’atmosphère des courtes, bruyantes et odorantes nuits en cabane — , je me concentrais tantôt sur l’appui de mes pieds foulant le sol rocailleux tantôt sur le rythme de ma respiration.
La lumière manquait alors de toute évidence pour s’aventurer en sentier étroit sans frontale, néanmoins j’avais décidé de juste suivre mes camarades en me glissant au milieu –sic- de la cordée, position me permettant de ne concentrer mon esprit sur rien d’autre que sur moi et les sensations éprouvées.
5h30, la cadence a prit sa place depuis un moment, la lueur du jour fait mine de nous saluer… Quelques secondes et les rayons du soleil n’attendent même pas qu’on les invite à nous éblouir. Je veille à assurer mes crampons sur la dure neige, dernier réflexe avant de débrider tous mes sens. L’instant qui précède l’orgasme, vous voyez ??
La lumière lèche mon visage, la révérence au soleil, la chance de le saluer, lui si haut… l’impression de renaître, seule au monde, ce qu’il y a plus bas importe peu, ou plus. Je vis, mes sens en éveil, les chuchotements plaintifs de mon corps n’existent plus, le thé chaud termine de se livrer à lui et j’entends alors Arletty, atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ??
Je suis si consciente. Pour la première fois de ma vie je ressens la sensation que le bonheur peut procurer au contact de la solitude. La condition sinequanone pour que le temps se suspende et à ce moment là, j’ai mis la bague au doigt de cette bien habitée solitude. »
C’est peut-être abstrait, certainement même.
Où est-ce qu’elle veut en venir la minette ? C’est bien joli mais on n’aime pas tous se faire mal, faire de l’alpi ou morfler en stage de survie juste pour avoir réellement l’impression d’adorer ses toilettes et de vénérer sa brosse à dent lorsqu’on rentre à la maison ! Clair !
A l’aube de mes 30 ans donc, après un parcours assez exotique, j’ai rencontré la vie à deux, le n°2 étant ma bille en personne, mon pote à moi toute seule quoi.
J’avais choisis de quitter mon mec, parcourir quelques temps la Suisse au gré des propositions de la vie.
Quelques bricoles tenaient dans ma valise, peu mais bien assez, « less is more » ça vous dit quelque chose ? Bien sûr, quelques trucs de filles ça et là.
Le sport est devenu mon compagnon quotidien, 1000 réflexions rebondissaient sur bouquins, voyages, rencontres, paysages et trains défilants… bref vous l’aurez compris, de la liberté savourée à l’état pur.
Je ne roulais pas sur l’or, je bossais pas mal et souvent aux 4 coins de la Suisse. J’en ai profité pour adorer la course à pied, me former à l’alpinisme et aux sports de montagne, enfourcher mon café racer en solo et être curieuse d’ailleurs, des autres et j’en passe…
Idyllique ? Pour moi, oui. Pourtant je ne l’avais pas cherché. Simplement suivi quelques stratégies logiques qui provenaient tout droit du bon sens, de mon instinct, mon intuition, celles-là même qu’on aime tant refouler parce que nous ne tolérons pas notre droit à la différence. Un bon lancement de carrière mérite un bon oubli, n’est-ce pas ?
Beh sans me retrancher dans mes écuries, j’ai vécu les plus belles années de ma vie. Tant et tant que je ne me souciais pas d’un poil de ma vie sentimentale et que j’ai eu vraiment du mal à postuler que l’amour pouvait surgir de manière sérieuse dans mon coin. Alors que….
Je naviguais au gré de mes envies, du spontané en veux-tu en voilà. La seule règle que j’avais envie de suivre : respectes-toi, ne fait rien que tu regretteras demain ou dans 50 ans (même si en réalité, je ne regrette rien de rien), vis à fond les ballons, pour toi, parce que la vie c’est maintenant, parce que tes jambes volent pour ceux qui ne peuvent plus courir, parce que mon cœur bas pour ceux qui ne sont plus là.
Comme quoi tout n’est pas toujours rose, les origines, le passé, peuvent sembler courir plus vite que notre lumière, mais en big optimiste que je suis, ça n’a fait qu’injecter du carburant à cette liberté.
– Oui mais on a pas la même vie, la même approche, le même passé ou les mêmes expériences cocotte!? — me rétorquera-t-on.
Heureusement! j’ai envie de dire, et tant mieux. Nos échanges ne seront que plus précieux, qu’est-ce que je m’emmerderais sans votre relief.
Si j’ai confirmé 1 chose c’est que « Chacun porte son bonheur en soi »– Gombrowicz.
T’adores hein ? Ca en jette quant on cite des bonhommes aux noms savants qui ne changent rien au sujet de toute façons 😉
Je te l’ai dis, les citations on les adore, tellement elles nous anesthésient les neurones.
Alors quoi ? Avant ou après mes lignes, on ne fait pas plus avancer le schmilblick.
No…
J’avais juste envie de dire que l’on peut aborder le « Vivre seul » comme un thème récurrent, rébarbatif et en même temps s’interroger sur la manière qu’il a de parler à notre origine intime.
A toi qui lis, est-ce la peur de la solitude qui surprend ta réponse ? La quête du bonheur sans l’autre ? Est-ce long ?? Est-ce insipide ou au contraire jouissif (ok c’est pas vraiment son antonyme) ? Et la rencontre de ton être ?
Et tu vas peut-être me dire que c’est pas si simple, ça dépend du bourbier dans lequel on est empêtré ou quelle vie on traîne sous les baskets. Bah ouais.. c’est clair, mais si je te raconte la mienne, tu finiras en pleurs.. chiche 😉
Et je peux également aborder le sujet à travers les doutes qui bien sûr surgissent, sur le besoin de l’autre — réel le besoin ? — sur le temps qui passe et les envies qui restent stériles pour une raison qui nous glisse évidemment des mains et j’en passe.
Bien sûr…. C’est la vie et à chacun de nous a la responsabilité et la joie de lui donner une belle couleur, les notes et les papillons que l’on a envie de ressentir. Et je peux te sortir des poncifs à te taper le cul par terre tellement j’ai secoué la bouteille à ce sujet, suffit de demander et peut-être que j’en saurais plus avec toi …
Néanmoins, le fait est que je l’ai bien vécu, j’aime ma solitude, je la vénère et la savoure encore, j’ai appris à prendre soin de moi, de mon essentiel.
J’ai ouvert les vannes, lâché mes peurs, mes principes, mes croyances et mes besoins de sécurité, toutes ces approbations… pour accepter la vie comme elle se présente à moi sans résister et vous savez quoi ? Depuis, ma vie est incroyablement belle, et pour de vrai.
J’enlève même mes lunettes roses si tu veux..
Du concret ou des tuyaux ? Plein la boîte, suffit d’en discuter..
Alors oxymore ou pas, à vous de me donner votre interprétation de cette chose qui en fait plisser, des rides qui doutent.
Vanessa Novo.