QUELLE EST TA PLUS GRANDE PEUR ?

VANESSA NOVO

Peur de plaire, peur de l’échec, peur de quitter, peur d’être quitté, peur de mourir, peur de s’aimer… peur de vivre, oh grand Dieu, de laisser couler cette vie en soi !

Qu’est-ce que tu ferais si tu n’avais pas peur ?

Et finalement, qu’est-ce qu’une peur ?

Ma plus grande peur a longtemps été celle de ne pas être suffisamment pour qu’elle m’aime; suffisamment sage, suffisamment intelligente, suffisamment jolie (belle ne faisant pas partie de mon vocabulaire, en ce qui me concernait), suffisamment silencieuse… suffisamment tout court, pour que ma maman m’aime, pour que j’entre-aperçoive dans ses yeux une lueur d’existence, ne serait-ce qu’un cil vagabondant sur sa pupille.

Après avoir longtemps vécu — comme tout un chacun — et traversé tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à des peurs et des pensées bloquantes, après en avoir eu assez de vivre le jour conditionnée de mon passé et de peurs fictives indexées uniquement sur ce passé me collant lui, de trop près aux basques, j’ai glissé.

Je ne suis pas tombée, j’ai glissé, les secondes se transformant en gouttes d’éternité, le temps suspendu à ma capacité de lâcher. Plus je lâchais, plus mes souvenirs défilaient, ceux-là même étant à l’origine de mon potentiel bridé, de mes peurs étouffantes.

Elles étaient subtiles ces peurs, certaines se présentaient à moi de manière limpide pour faire diversion sur celles qui en aucun cas n’avaient d‘intérêt à être démasquées. Je n’avais aucun problème, j’étais Madame tout le monde, pas plus peur qu’une autre, pas moins peur que la source même de ses diablesses, croyais-je.

Certaines maîtrisées, d’autres « égotisées », histoire que la légitimité de leur existence suffise à ne pas avoir à les traiter, les affronter, les traverser, comme un souvenir ramené de Venise, posé là, s’empoussiérant avec le temps.

« Le temps va tout s’en va », fumisterie !!

Ce temps à qui l’on attribue bien trop de bontés.

« La peur, c’est lorsqu’on passe en mode survie pour anticiper un danger que j’ai connu mais qui n’est pas en train d’arriver. C’est un film qui pourrit ma réalité. » — Angelo Foley –

Même Jung ne le synthétise aussi bien !

Elle te prend aux tripes, te remue de l’intérieur, frissonne du derme et de l’épiderme, parfois même explose de ton estomac, rougis ton cou, spasme ton enveloppe et perle sur ta colonne. Elle te possède juste assez et monte le son jusqu’à ce que tu comprennes que ce n’est plus toi qui gères, qu’elle a gagné, que toi tu cours sur tapis et elle, elle joue dans la cour des grands, l’UTMB c’est de la gnognotte.

Le jour où je glissais mais ne tombais pas, que je dévalais cette montagne à la vitesse du son, ces gouttes d’éternité et ce temps suspendu sont devenues mes amoureuses. Je les ai embrassées, les ai laissé prendre place, m’indiquer le chemin de l’intérieur.

J’avais l’impression intense que je traitais mes souvenirs et mes traumas en condensé, trop intense pour l’analyser, liquéfiée, évaporée, alors j’ai décidé de mourir, mourir à moi-même, mourir tout court si la vie l’avait décidé ainsi.

J’ai entendu cette voix profonde qui m’a soufflé l’impermanence des choses, des pensées, des peurs et de la vie et j’ai dit oui ! Oui, je le veux, j’embrasse ma lumière, j’embrasse la vie, sa mouvance, son impermanence et j’accepte mes imperfections, mes peurs et tous mes nœuds. Mon bras s’est alors levé sans même demander mon accord, les doigts ont saisi cette branche sortie de nulle part, mon corps à rebondit et alors qu’il stoppait sa course, la libération avait déjà posé sa fin.

J’étais lessivée, non pas de la chute incarnée mais de la libération abyssale, celle qui avait possédé mes entrailles, prit à bras le corps mon âme, envoyé valser mes projections jusqu’à la bienséance et crié STOP !!!! Il est grand temps que tu vives, que tu vives … sans cette survie mortelle et in-naturelle.

Nax, juin 2011, 17h38, j’ai coupé le cordon, j’ai quitté ma mère, et j’ai commencé à m’aimer, les peurs devenues amies dans ma poche, la suite c’est de l’histoire.

C’est quand la dernière fois où tu as fait quelque chose pour la première fois ?

Quand est-ce que tu as décidé de prendre tes peurs à bras le corps, de les traverser, de les regarder droit dans les yeux, de rire avec elles, d’observer leur origine, de les relativiser, de les utiliser comme elle le font avec toi.

De les prendre, les retourner, les vivre et leur faire danser un tango, collé-serré.

Les peurs, font partie intégrante de toi, elles sont tes amies lorsque tu comprends que le mouvement n’est pas unilatéral, ce serait bien trop simple; tu les apprivoises lorsque tu t’en sers pour comprendre un message que ton mental n’a pas encore pu réaliser.

Elles peuvent bien entendu être salutaires lorsqu’elles visent ta sécurité physique, mentale; lorsqu’elles jouent leur rôle sans t’envahir. Tentes alors de les vivre, de les accueillir, de ne pas leur donner trop de pouvoir, ni même Ton pouvoir et leur juste importance. Observe le message sous-jacent et cesse de les voir comme des ennemies, elles font partie intégrante de toi, de la même manière que ta joie ou ta curiosité.

Rebondis sur elles et tu gouteras à la légèreté de l’être.

Tu n’as pas à être comme ceci ou comme cela, tu as juste à Être dans l’entièreté de la boule à facettes que tu incarnes, le reste suivra.

« Notre peur la plus profonde, n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur, notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toutes limites.

C’est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraie le plus. (…) Au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.

En nous libérant de notre propre peur, notre puissance libère automatiquement les autres. » — Marianne Williamson — extrait d’un discours rédigé pour Nelson Mandela.

La peur c’est ton catalyseur, ton ampli, à toi de l’apprivoiser.

VANESSA NOVO

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